L’état
de l’art des Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication et
leurs déterminants dans les entreprises : le cas des entreprises tunisiennes.
Boulevard
7 novembre Tunis Tunisie. Article élaboré par
M.
ZIA DI JAMELEDDINE
Maître
de conférences en Gestion
&
responsable de l’U.R. e-MASIG ;
FSEGT
de L’université de Tunis El Manar :
Campus
universitaire Boulevard 7 novembre Tunis Tunisie.
Résumé
Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication (NTIC) connaissent aujourd’hui un développement fulgurant parce
qu’elles collent parfaitement à des tendances socio-économiques majeures
auxquelles les entreprises doivent faire face.
Néanmoins les opinions à leurs égards restent mitigées
: pour les uns elles représentent un enjeu stratégique, pour les autres ce
n’est qu’un investissement technologique parmi tant d’autres.
Notre recherche s’intéresse aux facteurs qui
influence le niveau d’utilisation des NTIC dans les entreprises. La revue de
la littérature a permis d’identifier cinq groupes de variables : le contexte
de l’entreprise, le contexte managérial, le contexte organisationnel, le
contexte culturel et le contexte environnemental.
L’étude empirique auprès de 49 entreprises
tunisiennes permet de mettre en évidence l’importance du caractère
extraverti de l’entreprise comme facteur explicatif d’une utilisation stratégique
des NTIC.
INTRODUCTION
Le numérique, Internet, Intranet, et plus généralement
les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) sont
autant de notions dont nous sommes aujourd’hui inondés et qui semblent avoir
envahi la presse et tout particulièrement celle qui concerne les entreprises.
C’est grâce à des possibilités de plus en plus économiques
et performantes d’acquisition, de stockage, de traitement et de restitution de
l’information que les NTIC répondent aux nouvelles exigences auxquelles les
entreprises doivent faire face.
Pour autant les opinions à leurs égard demeurent
mitigées, pour les uns elles ne sont qu’une panoplie d’outils ayant une
fonction de soutien technique ou opérationnel, pour les autres elles représentent
un enjeu stratégique majeur. En effet, les technologies contemporaines, comme
toute innovation technologique majeure qui laisse entrevoir de nouveaux
possibles, ne font pas systématiquement l’unanimité auprès des
utilisateurs.
Une telle situation nous a conduit à
l’identification de la problématique de cet article à savoir : Quelles
sont les variables qui influences le niveau d’utilisation des NTIC dans les
entreprises ?
Les objectifs de cette étude sont donc de comprendre
comment les entreprises utilisent aujourd’hui les NTIC, comme un enjeu stratégique
ou comme un banal investissement en technologie et d’identifier et analyser
les relations qui pourraient exister entre certaines variables explicatives et
l’utilisation stratégique des NTIC.
Ce travail de recherche se base sur une étude
exploratoire de la situation des NTIC dans les entreprises tunisiennes. Lequel
thème constitue l’un des parincipaux axes du prochain colloque international
qui sera organisé par l’U.R e-Masig de l’université de Tunis Elmanar avec
l’ATUCOM et Magtech les 24 et 25 juin 2004 à Tunis. Cette exigence
intellectuelle se traduit par des interrogations de différents niveaux qui suggèrent
les axes de recherche suivants :
Ø Le degré de diffusion des outils électroniques
dans les entreprises tunisiennes.
Ø Le niveau d’utilisation des NTIC dans les
entreprises tunisiennes : sont-elles considérées comme un enjeu stratégique
ou ne sont elles qu’un banal investissement en technologie.
Ø Les déterminants du niveau d’utilisation
des NTIC dans les entreprises.
La méthodologie adoptée comporte deux volets :
Un volet théorique qui consiste à une revue de la
littérature et l’identification d’un modèle théorique quant aux déterminants
du niveau d’utilisation des NTIC.
Un volet empirique relatif à la validation de
notre modèle théorique à travers la technique de l’enquête au niveau
d’un échantillon d’entreprises tunisiennes.
Dans ce cadre nous avons cherché à appréhender le
degré de diffusion des NTIC dans les entreprises interrogées, leurs niveaux
d’utilisation et les déterminants de l’utilisation stratégique des NTIC.
I. Le concept de Nouvelles Technologies de l’Information
et de la Communication
La dernière vague d’innovations technologiques est
connue sous le nom de « Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication ». La nouveauté qui frappe les esprits tient à l’irruption de
l’Internet, c’est-à-dire l’apparition et la généralisation d’un
support universel de communication de données (textes, son, images). Même si
le « N » de nouveauté a dès a présent perdu de son actualité.
Commençons par spécifier ce que nous entendons par
« nouvelles » technologies avant d’analyser leur niveau d’utilisation dans
les entreprises et les déterminants qui influence le caractère stratégique
qui leurs est attribué.
1. Définition du concept de « nouvelles »
technologies
Le terme NTIC s’avère extrêmement délicat à
utiliser dans la mesure où chaque locuteur en a sa propre représentation. Par
conséquent, il faut spécifier ce que nous entendons par « nouvelles »
technologies.
Les technologies de l’information et de la
communication ne sont pas d’apparition récente, contrairement à ce que suggère
l’expression en vogue. Où est donc la nouveauté ? La principale nouveauté
dans ce domaine est sans conteste l’irruption des technologies Internet. Mais
certains auteurs comme Henri Isaac et Isabelle Leroy pensent qu’il s’agit là
de la plus visible des nouveautés. « De nombreuses technologies de
l’information ont connu ces dernières années des évolutions considérables
en liaison avec les progrès de l’électronique (puces informatiques, mémoires,
stockages). Enfin les technologies de télécommunications et plus particulièrement
celles de téléphonie mobile constituent un dernier versant de ce que nous
considérons comme faisant partie des nouvelles technologies. »
Par conséquent, nous retenons dans notre réflexion,
trois groupes de nouvelles technologies :
1. 1 Les technologies Internet dans l’entreprise
Elles constituent sans nul doute l’essentiel des
nouvelles technologies. La mise en place de réseaux reposant sur le protocole
TCP/IP a permis le déploiement d’intranets d’entreprise mais aussi d’extranet
avec des partenaires commerciaux.
1. 1. 1 Internet
« L’ISOC (Internet Society) propose trois définitions
de l’Internet :
- définition générale : un méta-réseau
d’information (un réseau de réseaux) global et ouvert ;
- définition étroite : un groupe d’inter-réseaux
(d’interconnexion de réseaux) capable d’acheminer entre eux des paquets
suivant l’Internet Protocol ;
- définition large : l’interconnexion de réseaux
au protocole IP, plus tous les réseaux connectés capables d’acheminer du
trafic (ce qui inclut les réseaux utilisant le protocole IP, ceux utilisant un
autre protocole qu’IP et les systèmes de niveau applicatif) ».
Nous retenons la définition étroite de l’ISOC, en
considérant Internet comme un ensemble de réseaux interconnectés grâce à un
protocole commun TCP/IP (Transmission Control Protocol/ Internet Protocol).
1. 1. 2. Intranet
« Application des technologies de l’Internet à l’intérieur de l’entreprise, l’intranet définit une architecture de réseau d’entreprise fédératrice des systèmes d’information existants. »
1. 1. 3. Extranet
« Réseau externe reposant sur le protocole TCP/IP et
interconnectent des systèmes d’information d’entreprises en relation
(ouverture du réseau interne aux clients, fournisseurs, et partenaires privilégiés)
» .
En ouvrant les données de l’entreprise vers ses
partenaires stratégiques, la technologie extranet réalise le concept
d’entreprise étendue, a savoir l’entreprise totalement ouverte sur l’extérieur
« s’appuyant sur des réseaux de partenaires afin de construire son système
d’offre ».
1. 1. 4. Le commerce électronique
Le commerce électronique est définit par Lombard,
Roussel, Dumartin, Heitzmann, et Aufrant comme « tout achat (ou vente)
automatique, conclu sur un terminal interactif de réseau électronique ».
C’est une forme de vente qui permet au client
(entreprise ou particulier) d’effectuer l’ensemble du processus d’achat (
visualisation de l’offre, achat, paiement, information sur la livraison) sur
un site Internet.
Le commerce électronique recouvre deux dimensions :
le commerce entre entreprises (business to business ou B to B) et le commerce en
direction des particuliers ou grand public (business to consumer ou B to C).
1. 1. 4. 1. Le commerce B to C
Le commerce B to C, est un site de vente en ligne aux
ménages. Il fournit à l’internaute un service complet de commandes et
livraison à domicile, couplé à un paiement en ligne.
Selon Badot,
le commerce B to C est lié à des besoins soit de première nécessité, soit
d’accomplissement (produit rare ou d’origine lointaine) et n’occupe donc
qu’une place réduite dans la panoplie des formes de ventes.
1. 1. 4. 2. Le commerce B to B
Le commerce B to B est le vecteur de développement
principal du commerce électronique. Selon IDC4
(International Data Corporation) les ventes sur Internet s’élèveraient à
2200 milliards dont 88% pour le commerce B2B.
Techniquement une relation de type B2B repose sur un
extranet.
1. 1. 4. 3. 1. Les formes du commerce B to B
Actuellement on peut distinguer quatre grande forme de
commerce B to B :
Ø « La e-distribution »
Sites de ventes en ligne de certains fournisseurs
puissants dont les plus célèbres sont Cisco et Dell (fournisseurs d’équipements
informatiques), faisant face à de nombreux clients. Certaines entreprises
peuvent également compléter la vente en ligne par des moyens du monde réel «
brick and click, gagnent généralement plus que ceux qui veulent tout miser sur
le seul magasin matériel ou sur Internet seul »6.
Ø Les places de marché électroniques
« Ensemble de solution client/serveur reposant sur
une interface web permettant la mise en contact de clients et de fournisseurs et
offrant des possibilités d’achats et de ventes avec l’existence ou non
d’un ensemble de services associés (catalogues, gestion des appels d’offre,
évaluation des fournisseurs, facturation, suivi des commandes,
personnalisation)».
Les places de marché ont trois problèmes majeurs
pour garantir leur viabilité :
- vis à vis des vendeurs, il faut que le site en référence
le plus grand nombre ;
- vis à vis des acheteurs, il faut que le site soit
suffisamment flexible et ergonomique pour que ceux-ci puissent y présenter
leurs requêtes de la façon la plus explicite ;
- vis à vis de la concurrence, ces places de marché
doivent croître le plus rapidement possible. En effet, elles sont soumises à
un effet réseau important, car plus une place de marché dispose de
fournisseurs référencés, plus elle est attractive.
Ø Le E-procurement
(achats professionnels en ligne)
« Processus d’achat ou d’approvisionnement
automatisé reposant sur un ou des applicatifs du système d’information spécifiquement
dédiés à ce processus. Ce processus peut être inclus dans une ou plusieurs
places de marché »
Le e-procurement est pratiqué seul pour des achats
stratégiques (plate-forme exclusive via un extranet) ou en collaboration par
les grandes entreprises concurrentes d’un même secteur (plates-formes
collectives via une place de marché commune).
Ø Le web EDI
( Echange de Données Informatisées )
L’EDI facilite les relations entre acheteurs
industriels et vendeurs. En effet, « les ordinateurs d’entreprises différentes
utilisent les réseaux informatiques pour s’envoyer des informations formalisées
de commandes, de livraison, de facturation, plus généralement les informations
sur toutes les transactions commerciales ».
Mais la mise en lace d’EDI est une opération coûteuse
« réservée à des entreprises qui ont une certaine assise financière et la
possibilité de réaliser des économies d’échelle ».
L’EDI se tourne aujourd’hui vers des solutions
Internet. La montée en puissance du commerce B to B permet désormais aux PME
comme aux grandes entreprises d’accéder à des technologies moins coûteuses
et d’échanger des données informatisées.
« Dès lors que beaucoup de transactions commerciales
entre les entreprises passent par le net, il ne paraît pas absurde de tirer
parti des procédures déjà mises en place dans le cadre de l’EDI, pour
fournir à ces entreprises les moyens matériels de réaliser les transactions
électroniques ».
En utilisant Internet pour l’EDI, l’ensemble de la
chaîne d’échange et de ses protocoles sont maintenus, mais la communication
est établie à travers le réseau Internet, ce qui permet un abaissement
sensible des coûts de transmission et donc une utilisation potentielle par un
grand nombre d’entreprises allant jusqu’aux PME.
Internet permet aussi « la mise en place d’EDI «
light » c’est-à-dire aux fonctionnalités plus réduites, et moins coûteuses,
accessibles par des interfaces graphiques et des navigateurs plutôt que par des
écrans préformatés. Ce sont ces éléments qui permettraient à des
entreprises artisanales et familiales d’accéder à l’EDI. »
2. Des technologies anciennes désormais accessibles
Ainsi, des applications traditionnellement
inaccessibles à l’utilisateur final deviennent directement disponibles sur le
poste de travail du fait même de l’évolution de la puissance de calcul des
machines et des progrès en matière de réseaux.
Des technologies comme le datawarehouse et les
applications décisionnelles, les groupwares, les progiciels de gestion intégrés
constituent des nouvelles technologies dans la mesure où les progrès en terme
de serveur et de logiciel sur le poste utilisateur permettent désormais de les
rendre accessibles sur différents postes de travail dans différentes unités.
2. 1. L’informatique décisionnelle
La saturation en données est un fait significatif de
l’entreprise contemporaine. « Elle souffre davantage de trop plein en cette
matière que de carence. Herbert Simon a fort justement souligné en son temps,
que l’excès de richesse d’information crée la pauvreté en attention ».
C’est de ce constat qu’est née l’informatique décisionnelle, elle
s’appuie sur l’idée d’une concentration des données de l’entreprise
dans un entrepôt de données (Datawarehouse) pour faciliter l’analyse (Datamining)
et la prise de décision.
2. 1. 1. Les applicatifs de l’informatique décisionnelle
2. 1. 1. 1. Le Datawarehouse
Le datawarehouse « désigne à la fois la base dans
laquelle sont stockées l’ensemble des informations, mais également
l’ensemble du système d’information décisionnel ».
2. 1. 1. 2. Le Datamining
Le terme dataminig signifie littéralement fouille de
données. Comme dans toute fouille, son but est de pouvoir extraire un élément
: l’information.
« Le dataminig correspond à l’ensemble des techniques et des méthodes permettant d’obtenir des connaissances exploitables. »
Le dataminig a deux fonctions principales :
l’extraction et le traitement des données au sein de la masse stockées.
2. 2. Les outils de travail collaboratif (Groupware ou
Collecticiel)
Le groupware, est défini pour la première fois en
1981 par Peter et Trudy Johnson- Lentz comme : « un concept qui désigne à la
fois le processus humain et organisationnel du travail en groupe et les outils
technologiques nécessaires à l’accomplissement de ce travail ».
Le groupware, est un concept polymorphe, qui se présente
sous des formes différentes ; et utilise plusieurs applications.
Quand les individus travaillent au même moment, on
parle de groupware synchrone, comprenant principalement:
Ø Le système de Visioconférence est destiné
à équiper une salle de conférence pour des réunions virtuelles.
Ø Le système de Visiophonie « est composé
d’une caméra (ou tout autre source vidéo) reliée à l’ordinateur par une
carte de numérisation et de compression, et d’un modem relié au téléphone
(en général par une ligne haut-débit); il permet à l’ordinateur de
transmettre à l’interlocuteur distant, équipé du même appareillage, une
image vidéo en temps réel, synchronisée avec la voix »;
Les deux applications Visiophonie et Visioconférence,
répondent à des usages différents, la première est plutôt un outil intégré
au micro-ordinateur ; alors que la seconde est destinée à équiper une salle
de conférence.
A l’opposé, quand les individus ne sont pas connectés
simultanément, on parle de groupware asynchrone qui vise le partage de document
et favorise la communication.
Ø La messagerie électronique est un outil de
communication bilatéral et non collectif
Ø Le forum ou conférence électronique est un
lieu électronique qui réunit des communautés virtuelles. Le forum permet à
un groupe d’acteurs de structurer leurs échanges d’informations et de
messages selon des dossiers thématiques ou des groupes de travail.
Ø L’agenda partagé est un outil qui permet
d’avoir une meilleure visibilité du planning des différentes personnes au
sein de l’entreprise. Il permet la réservation des plages horaires futures,
la réservation de dates pour des réunions. L’agenda est mis à jour à
distance par plusieurs personnes, dont la secrétaire.
Ø La base de documents partagés qui permet un
accès à des documentations communes où chacun peut apporter ses commentaires
;
Ø Les annuaires sont des listes d’adresses
des correspondants, structurées en fonction de la raison qui lie ces personnes.
Longtemps restées marginales, les applications de
travail collaboratif ont connu un engouement important depuis l’apparition de
l’Internet et le développement des intranets.
Certaines applications du groupware sont désormais
offertes par Internet sans passer par des logiciels spécifiques. « L’intérêt
du logiciel spécifique est de pouvoir structurer la tâche faite en commun
quant elle est répétitive. On se rapproche alors du workflow ».
2. 2. 1. Le Workflow
Le workflow ou flux de travail en français est une
application du groupware qui résout l’une des difficultés majeures rencontrées
dans l’entreprise et qui a trait à la documentation et à l’information qui
accompagne les processus.
Le workflow est donc une application permettant de «
gérer, de contrôler et d’automatiser, le processus éditorial et
administratif de l’entreprise ».
Dans cette définition le mot clé est le mot
processus car il délimite bien le rôle du workflow par rapport aux autres
technologies comme la gestion électronique de document.
« Le workflow s’intéresse davantage à
l’ordonnancement des flux et processus documentaires qu’à leur contenu ».
Derrière le vocable de groupware se dissimule une
nouvelle façon de travailler en équipe pour atteindre un projet en commun. Les
techniques utilisées s’appuient beaucoup sur les nouvelles technologies de réseaux
informatiques, mais les dimensions organisationnelle et humaine du travail en
groupe sont aussi très importantes.
2. 3. Les ERP (entreprise resources planning)
« Un ERP est un ensemble d’applications reposant
sur une base de données. Les applications peuvent être mises en place de façon
isolée, en liaison les unes aux autres ou en complément de solution externe.
Cet ensemble de modules de gestion permet de relier tous les domaines de la
gestion dans une entreprise.»
L’ERP est un outil de pilotage qui intègre
l’ensemble du fonctionnement de la firme à partir d’un référentiel unique
de données desservant l’ensemble des modules :
|
Applications financières |
|
gestion de la production, GRH, finance,
administration, vente, achats et logistique, etc. Toutes les applications sont
reliées les unes aux autres suivant une architecture client/serveur : si une
application de marketing a besoin de données comptables elle émet une requête
envers l’ordinateur du département de comptabilité. L’inverse est vrai.
Grâce à la base de données commune et partagée,
toute modification d’information est répercutée en temps réel à
l’ensemble des applications. La saisie est unique et la diffusion instantanée.
2. 4. Le SCM (Supply Chain Management) ou gestion de
la chaîne logistique globale
« Le SCM est un ensemble d’applicatifs du système
d’information qui permet une coordination des flux d’informations internes
et externes permettant d’optimiser la gestion des flux logistiques (niveaux
des différents stocks, achats, réapprovisionnement, livraison, traçabilité
des commandes) entre clients et fournisseurs. »
Dominique Estampe, annonce en parlant de SCM : «
C’est l’objectif classique du monde de la logistique, mais étendu à
l’ensemble de l’organisation de l’entreprise qui travaille à amener le
produit dans les meilleures conditions au client. Cela signifie aussi une
organisation interentreprises ».
Le modèle est entrain de s’étendre au-delà des
frontières de l’entreprise par la constitution d’un véritable réseau
collaboratif qui intègre les partenaires de l’entreprise
(clients/distributeurs/sous-traitants/fournisseurs) dans le système
d’information pour trouver des solutions plus optimales du point de vue de
l’ensemble de la chaîne logistique.
Cela signifie que l’on passe d’une logique
client/fournisseur basée sur la méfiance réciproque pour aller vers une
collaboration entre acteurs.
3. Technologies issues de la Convergence
informatique/téléphonie
En l’espace de quelques années, les technologies de
téléphonie ont permis de développer des réseaux de téléphonie sans fil
partout dans le monde avec le succès que l’on connaît. L’introduction de
la téléphonie mobile en entreprise a accru la mobilité des salariés et
l’accessibilité des uns et des autres.
Les évolutions dans ce domaine laissent clairement
envisager des applications inédites liées aux technologies Internet.
3. 1. Le
CRM (customer relationship management)
« Ensemble d’applicatifs du système
d’information qui permet de rassembler l’ensemble des informations clients
dispersées dans d’autres applications et de gérer la relation client tout au
long du processus client (démarchage, avant-vente, vente, facturation, après-vente,
valeur du client). » Le principe du CRM est la personnalisation de la relation
avec le client, dans la perspective de le fidéliser pour augmenter la
rentabilité de l’entreprise.
La gestion de la relation client n’a rien de
novateur, c’est une approche de l’entreprise centrée sur ses clients et ses
prospects (clients potentiels). « La nouveauté aujourd’hui concerne
davantage les technologies au service de la relation client, que les
fondamentaux ». Avec l’intégration des technologies Internet, la gestion de
la relation client peut désormais s’effectuer par de multiples canaux, aux
traditionnels entretiens en face à face, fax et téléphone s’ajoutent l’e-mail,
Internet et le web TV.
« L’enjeu fondamental pour l’entreprise est de
parvenir à centraliser les données afin d’offrir la même information au
client quel que soit le port d’entrée qu’il choisi et d’entretenir avec
le client une relation qui dépasse la simple transaction. Cela signifie que les
informations sur les transactions que le client effectue doivent être
accessibles par toutes les fonctions de l’entreprise (commerciales,
comptables, service après-vente, logistique, marketing, juridiques, etc) ».
Par la conjonction des capacités informatiques et des
facultés téléphoniques, les solutions de CRM permettent de lier les centres
d’appels, les web-centers et les systèmes informatiques transactionnels
(commerciales, comptables…) et décisionnels (datawarehouse et datamining)
Après avoir présenter les nouvelles technologies de
l’information et de la communication, les fonctionnalités qu’elles
recouvrent ainsi que leurs atouts et limites respectifs ; il est temps de résumer
leur interaction.
Figure n° 1. L’interaction des NTIC
Poste
client
Extranet
CRM
SCM
ERP
Internet
Pare-feu Intranet Base de
Données
Messagerie
Edition électronique
Groupeware GED
Les réseaux privés de l’entreprise (intra-
extranet) sont séparés de l’Internet par des barrières appelées pare-feu
dont le but est de protéger les réseaux de l’entreprise de l’incursion
d’éléments extérieurs à l’entreprise
Mais la barrière fonctionne dans les deux sens et peu
servir à limiter l’accès à Internet depuis l’intérieur de la firme.
Le poste client dialogue avec le serveur central sur
lequel sont disponibles les fonctions de messagerie, de groupeware, de gestion
électronique des documents (GED), d’édition et de publication sous forme électronique
de documents multimédias (texte, image, son) et l’ensemble des données
communes de l’entreprise permettant de synchroniser les applications opérationnelles
( CRM, ERP, SCM ) a partir de l’aval, c’es- à-dire d’une commande client.
II. Les déterminants du niveau d’utilisation des
NTIC dans les entreprises
1. Le niveau d’utilisation des NTIC
Pendant très longtemps « La conception et la mise en
œuvre des systèmes d’information ont été considérées comme un problème
essentiellement technique où la difficulté principale était la maîtrise de
l’outil informatique ».
Les entreprises cherchaient alors une validité
technique. Celle-ci est définie comme celle relative aux « caractéristiques
techniques du système d’information de gestion qui peuvent intervenir lors de
sa mise en œuvre tel que le temps de réponse, la conception du système ».
La vision traditionnelle des technologies de
l’information et de la communication comme étant des outils ayant une
fonction de soutien technique ou opérationnel, et qui restent selon Rallet
de simples consommations intermédiaires, ayant un rôle assez marginal,
persiste encore chez un bon nombre de gestionnaire.
Les directions des systèmes d’information sont perçues
comme des responsables d’un élément du support logistique ou de la
technostructure et ne s’intègrent pas dans la réflexion stratégique globale
de l’entreprises.
Cependant la maîtrise technique des technologies de
l’information et de la communication, a elle seule, n’est pas suffisante
pour leur réussite au sein de l’organisation. Deux arguments peuvent être
avancés :
· La technologie de l’information peut ne pas être
pertinente pour l’activité de l’entreprise. « Son intérêt ne peut être
évalué uniquement en terme d’efficience, quelle que soit sa finalité ».
· KROVI pense que la non prise en compte des
facteurs organisationnels ou humains peut engendrer des difficultés au moment
de la mise en œuvre des technologies de l’information.
Pour pallier à cette vision purement technique, on
assiste à une prolifération d’articles, aussi bien d’académiciens que de
praticiens offrant une multitude de modèles d’alignement stratégique des
technologies de l’information avec les activités de l’entreprise. Appelés
aussi processus de mise en cohérence ou « fit ».
En effet, si les NTIC sont perçues comme un atout
stratégique de l’entreprise dans sa lutte pour la compétitivité, les
technologies de l’information doivent être en cohérence avec les grands
objectifs de l’entreprise et leur devenir doit être en accord avec le devenir
souhaité de l’entreprise.
2. Les déterminants du niveau d’utilisation des
NTIC
Nous exposons dans ce qui suit une synthèse des
facteurs ayant fait l’objet de recherches empiriques antérieures et considérés
comme susceptibles d’avoir un impact sur la perception par les utilisateurs du
caractère stratégique des NTIC.
Cinq groupes de facteurs sont identifiés. Il s’agit
d’abord du contexte de l’entreprise (secteur, taille et dispersion), du
contexte managérial (leadership et formation), du contexte organisationnel
(structure et stratégie), du contexte culturel (culture d’entreprise) et
enfin du contexte environnemental (niveau de la concurrence et incertitude de
l’environnement).
1. Le contexte de l’entreprise
1. 1. Le secteur d’activité de l’entreprise
Le secteur d’activité semble avoir une influence
sur le niveau d’utilisation des nouvelles technologies de l’information et
de la communication.
En effet, on montre que les attitudes des utilisateurs
finals changent en fonction du secteur d’activité. Elle a pu mettre en évidence
des différences dans l’utilisation des technologies entre le secteur
industriel et celui des services.
1. 2. La taille
Les études sur l’adoption d’innovation en TIC ont
montré que le facteur taille influence l’adoption des technologies de
l’information.
Plusieurs arguments militent en faveur d’une
relation entre la taille de l’entreprise et le niveau d’utilisation des NTIC.
En effet, plus les effectifs de l’entreprise
s’accroissent, plus les questions de coordination se posent avec une acuité
importante et plus les TIC sont susceptibles de jouer un rôle essentiel.
Dans le même ordre d’idées, Kalika (2002) a
mis en évidence que « le caractère stratégique des TIC est lié à
l’organisation des entreprises et à la dispersion de leurs activités ».
Deux facteurs de contexte managérial semblent avoir
un impact sur le niveau d’utilisation des NTIC.
2. 1. Le leadership
Les recherches empiriques antérieures ont montré une
corrélation entre l’utilisation des NTIC et l’encouragement et
l’engagement de la direction.
Le niveau d’utilisation des NTIC dépend de la
politique poursuivie par le management et du rôle des supérieurs hiérarchiques
dans la promotion et l’utilisation des TIC Selon la théorie classique de la
diffusion des innovations, certaines caractéristiques personnelles des décideurs
expliquent la proportion à adopter une innovation .
2. 4. La formation
Les recherches antérieures ont pu montrer que la
formation à l’outil et l’expérience d’utilisation est positivement corrélée
avec la fréquence d’utilisation.
Les recherches de l’observatoire e-management
(2001) ont pu mettre en évidence une relation entre la formation aux
nouvelles technologies et le degré de conscience de l’importance stratégique
qui leur est accordé.
« La formation technique aux outils est certes
indispensable, mais ne saurait être suffisante. La formation technique aux TIC
doit s’accompagner d’une formation au e-management qui envisage les
bouleversements individuels et collectifs permis par les changements de
technologies. ». D’où l’hypothèse suivante :
2. Le contexte organisationnel
Le contexte organisationnel fait référence à la stratégie et à
la structure adoptées.
3. 1. La stratégie
Parmi les facteurs organisationnels influençant
l’adoption des technologies de l’information, la stratégie joue un rôle clé.
Que ce soit en vue de réduire les coûts, reconcevoir les processus
d’affaires, augmenter la différenciation des
Les travaux de l’observatoire e-management (2001)
ont pu mettre en évidence que l’attitude des entreprises à l’égard des
TIC n’est pas indépendante des décisions prises plus généralement en matière
stratégique.
.
Les résultats de l’enquête de l’observatoire
e-management met en évidence que le caractère stratégique des TIC est lié au
développement des partenariats. Plus une entreprise développe des partenariats
plus elle est sensible à leur caractère stratégique.
De la même façon et contrairement à ce qui pouvait
être supposé, aucun lien n’est apparu entre stratégie d’externalisation
et caractère stratégique des TIC.
3. 2. La structure organisationnelle
« La structure actuelle peut influencer la conception
des systèmes d’information, le succès de leur implantation et leur
utilisation ».
Les recherches de l’observatoire e-management
(2001) ont montré que le niveau d’utilisation des NTIC diffère selon le
type d’organigramme dont les entreprises sont dotées.
Il y aurait dans les entreprises un cercle vertueux
TIC et organisation par projet. En effet, la mise en place d’organisation par
projet composée de membres qui sont fréquemment éloignés géographiquement
requiert des outils de communication et de travail en groupe à distance qui
induisent des investissements en TIC. On se propose par conséquent de tester la
sixième hypothèse :
3. Le contexte culturel
Le facteur relatif au contexte culturel se rapporte à
la culture d’entreprise qui est en grande partie influencée par la culture
nationale.
4. 1. La culture d’entreprise
Des études empiriques ont montré le retard de
certains pays en matière d’adoption des TIC par rapport à d’autres (El
Louadi, 2002). Ils ont pu mettre en évidence l’impact de la culture
national sur le degré d’utilisation des NTIC. « La culture nationale peut être
un facteur d’explication ou du moins un facilitateur ou inhibiteur de
l’acceptation des TI »
En effet, une culture hiérarchique très forte du
pays génère une attitude qui assimile le pouvoir à la possession
d’informations. L’information voit ainsi son accès protégé et réservé
à quelques personnes sélectionnées.
Cette attitude est en complète contradiction avec les
principes qui régissent les NTIC à savoir la transparence.
Les recherches de l’observatoire e-management
(2001) ont montré que considérer que les NTIC constituent un enjeu stratégique
nécessite de remplacer d’anciennes et traditionnelles croyances et valeurs
professionnelles par de nouveaux modèles de pensées. On parle d’une « e »
culture d’entreprise.
Celle-ci est basée sur la rapidité et l’immédiateté
de l’information, la transparence dans les échanges, la responsabilisation
des collaborateurs, moins de formalisme, davantage d’éclectisme de pensée et
d’audace dans l’innovation.
On se propose de tester l’hypothèse suivante :
4. Le contexte environnemental
Les études sur l’adoption des TIC ont montré que
la proportion d’une organisation à innover est conditionnée par les
occasions d’affaires et les menaces de son environnement.
5. 1. L’incertitude de l’environnement
Luttant pour survivre sur des marchés de plus en plus
dynamiques, instables et compétitifs, les firmes perçoivent leur environnement
comme incertain, un environnement turbulent où la pression de clients et de
fournisseurs puissants déterminent l’adoption de technologies de
l’information importantes L’instabilité de l’environnement amène les
firmes à acquérir de l’information complète, nuancée et en temps réel sur
les marchés et sur la technologie et à avoir recours à la veille stratégique
afin de faire face à cette incertitude de l’environnement.
Les travaux de l’observatoire e-management (2001)
ont pu mettre en évidence une corrélation positive entre la perception du
caractère stratégique des TIC et le recours aux outils de veille liés à
Internet. D’où la neuvième hypothèse :
5. 2. Le niveau de la concurrence
Il est généralement admis que plus l’intensité de
la concurrence est forte plus l’intérêt porté aux NTIC est susceptible d’être
important.
Les résultats issus des tests empiriques sont
contradictoires à ce sujet :
Des études ont pu montrer que les firmes utilisent
leurs ressources TIC pour répondre aux influences des compétiteurs
Toutefois les recherches de l’observatoire
e-management (2001) n’ont pas pu mettre en évidence une relation
significative entre le caractère stratégique attribué aux TIC et l’intensité
concurrentielle.
III. La recherche empirique
Afin voir quelles sont les NTIC utilisées par ces
entreprises et à quel niveau du e-management se positionnent une étude
empirique a été menée. L’enquête consiste en un questionnaire administré
par voie directe à 49 entreprises disposant de sites Internet.
Nous avons mené une analyse exploratoire pour appréhender
(au niveau des entreprises interrogées):
- Le degré de diffusion des NTIC;
- Le niveau d’utilisation des NTIC.
1. Résultats
1. 1. Equipement en NTIC
1. 1. 1. L’utilisation d’Internet
Les résultats de l’enquête montrent que les
entreprises interrogées voient dans l’Internet surtout un moyen moderne et
performant d’échanger des informations. Mais pas encore comme un outil de
transactions commerciales à part entière.
1. 1. 2. Les fonctionnalités du site Internet
On constate que la majorité des entreprises interrogées
créent un site Internet qui leur sert uniquement de vitrine. Ce site présente
leurs offres de produits/services (95.9%), leurs activités, leurs chiffres clés
et donne les coordonnées pour un contact direct avec les principaux
responsables opérationnels.
Il s’agit généralement pour les entreprises
interrogées de faire de la communication institutionnelle. Il n’y a pas de
volonté réelle de faire des transactions à travers ce site puisque seules
32.7% des entreprises interrogées ont un site qui permet aux clients de passer
des commandes en ligne. Enfin le payement en ligne ne concerne encore que 6.1%
des entreprises interrogées, qui citent spontanément les problèmes de sécurité
des transactions.
Cependant l’enquête a révélé, que le coût de la
mise en place d’un site Internet ne représentait pas un handicap majeur pour
les entreprises (55.1%).
Sur la base des entretiens qui ont été menés on
pourrait expliquer ceci par le fait que les entreprises ont recours à des compétences
internes pour développer leur site Internet du moins au début. Lorsque
l’entreprise fait appel à des compétences externes elle demande généralement
des fonctionnalités réduites dont le coût de développement n’est pas très
important.
1. 1. 3. Intranet et ses fonctionnalités
Quarante trois entreprises sur les quarante neuf
interrogées sont équipées d’un intranet. Celui-ci permet d’accéder à
Internet pour 95.34% d’entre-elles, de communiquer par la messagerie électronique
et d’accéder à une information générale sur l’entreprise pour 97.7%,
d’avoir un agenda partagé pour 72.1% , de travailler en groupe à distance (groupware)
pour 65.1%, de se former en ligne pour 46.5% et d’avoir une gestion électronique
des documents pour 86% des entreprises interrogées disposant d’un intranet.
A la question : l’installation de votre intranet
est-elle coûteuse ? On nous fait gentiment remarquer que notre question n’a
pas de sens. Car les seuls éléments mesurables sont les coûts informatiques,
négligeables par rapport à l’ensemble des investissements immatériels
qu’une telle évolution implique. Pour 51.2% des entreprises équipées
l’installation de l’intranet a été coûteuse car accompagnée de
fonctionnalités développées dont le coût est assez élevé.
La présence de l’intranet est très disparate selon
la taille des entreprises. Il apparaît selon l’enquête beaucoup plus présent
dans les entreprises de plus de 500 salariés.
1. 1. 4. Extranet et commerce électronique (B2B)
On constate que les entreprises interrogées hésitent
encore à mettre à la disposition des partenaires extérieurs leurs
informations propres : seules 19 entreprises sur les 49 interrogées sont équipées
d’un extranet.
Les entreprises qui en sont équipées, l’utilisent
en grande partie pour favoriser le partage de l’information avec les
fournisseurs et/ou clients, près de 95% d’entre-elles. Pour 52.6% des
entreprises, il s’agit de mettre en place des liaisons électroniques avec un
ou plusieurs de leurs partenaires afin d’automatiser leurs transactions.
Cependant, tous les niveaux de la transaction ne sont pas concernés par cette
automatisation. Le paiement ne transite pas par ce type de canal puisque à
peine 36.8% des entreprises équipées déclarent y recourir.
Notre enquête révèle, que les entreprises interrogées
se caractérisent par un certain attentisme vis à vis du commerce électronique
interentreprises.
1. 1. 5. La diffusion de l’ERP et des datawarehouses
Parmi les constatations qui ressortent de l’enquête,
c’est que les entreprises interrogées adoptent de plus en plus (55.1%) des
progiciels de gestion intégrés.
Les modules les plus répondus dans les entreprises
interrogées sont les suivants : trésorerie (92.6%), gestion de la production
(85.2%), contrôle de gestion (77.8%). Seules 62% des entreprises possédant un
ERP ont déployé le module de ressources humaines.
Néanmoins l’enquête révèle que la mise en place
de l’ERP est une opération coûteuse pour 89% des entreprises équipées, réservée
à celles qui ont une assise financière solide.
Il apparaît selon les statistiques descriptives que
l’ERP est relativement plus installé dans ce qu’on a appelé l’industrie
de grande taille regroupant surtout les entreprises industrielles et de
distribution.
Par ailleurs il est à souligner que les
datawarehouses, sont très largement utilisées : 73.5% des entreprises interrogées
y ont recours.
1. 1. 6. La gestion de la chaîne logistique (SCM) et
l’EDI
L’enquête met en évidence une très faible pénétration
de la SCM dans les entreprises interrogées 8.2%. De nombreuses personnes
interrogées ignorent l’existence même et la signification du terme SCM.
Pour les personnes qui savent que leur entreprise
utilise la SCM, 75% d’entre eux estiment que sa mise en place est trop coûteuse.
Par ailleurs il faut noter que les liaisons d’échanges
de données informatisées (EDI) sont assez utilisées puisque 51% des
entreprises interrogées affirment y avoir recours.
1. 1. 7. La gestion de la relation client (CRM)
La gestion de la relation client est plutôt en phase
d’émergence ( près de 39% des entreprises interrogées), mais les
entreprises qui y ont recours ont conscience de son apport notamment pour la
personnalisation : 89% déclarent utiliser l’information sur les attentes du
client pour personnaliser la relation. Autre aspect du CRM, la hiérarchisation
des clients par leur valeur : 84% des entreprises équipées de CRM structurent
leur portefeuille client par rentabilité.
Tableau n° 1 : La position des outils électroniques
dans les entreprises étudiées
Outils électroniques |
Moyenne |
Intranet
Datawarehouse
ERP EDI Extranet CRM SCM |
2.75 2.47 2.10 2.02 1.77 1.77 1.18 |
Ce qui ressort de cette analyse, c’est que les
entreprises interrogées investissent assez largement en équipement NTIC. L’intranet
figure en première position avec 83.7%. L’ERP figure en bonne place. Mais le
commerce électronique demeure en phase d’émergence, puisque le payement en
ligne ne concerne que 6.1% des entreprises interrogées.
Par ailleurs, le chemin à parcourir est encore long
pour le CRM et surtout le développement de véritable chaîne logistique intégrée
(SCM).
Il faut néanmoins signaler que de nombreuses
entreprises prévoient d’augmenter leur investissement en matière d’équipement
en NTIC.
Tableau n° 2 : Evolution du budget alloué aux NTIC
Budget |
% |
Décroissant Constant Croissant |
2.0 32.7 65.2 |
1.
2. Niveau d’utilisation des NTIC
Bien que les NTIC sont assez largement diffusées dans
les entreprises interrogées, on peut légitimement s’interroger sur leur
niveau d’utilisation. Cette analyse nous permettra de comprendre comment les
entreprises interrogées utilisent les NTIC, comme un enjeu stratégique ou
comme un banal investissement en technologie.
Tableau n° 3: statistiques descriptives concernant la
perception des NTIC par les entreprises étudiées
Les NTIC sont |
Moyenne |
Ecart Type |
Un avantage concurrentiel Un enjeu stratégique Un outillage technique Une mode passagère |
5.33 4.96 3.84 2.37 |
1.64 1.90 1.64 1.70 |
La constatation qui ressort des statistiques
descriptives est que les entreprises interrogées ont tendance à considérer
les NTIC comme un avantage concurrentiel et un enjeu stratégique plutôt
qu’un outillage technique ou une mode passagère.
Tableau n° 4 : Le caractère stratégique des NTIC
Les NTIC sont un enjeu stratégique |
% |
Pas d’accord Moyennement d’accord D’accord |
18.4 20.4 61.2 |
Ces
résultats témoignent du caractère stratégique des NTIC dans plus de la moitié
des entreprises et montrent la place qui leur est désormais accordée dans les
entreprises tunisiennes.
D’après la typologie d’entreprise que nous avons
retenue dans la partie théorique nous pouvons dire que notre échantillon est
constitué par une majorité d’entreprises novatrices ayant une vision
stratégique qui leur permet de positionner les NTIC comme un investissement
indispensable source d’avantages concurrentiels.
Les entreprises attentistes représentent
20.4%. Elles témoignent d’un intérêt pour les NTIC mais elles ne les
accompagnent pas encore d’une réflexion stratégique à long terme.
Les entreprises dénommées traditionnelles,
pour lesquelles les NTIC ne sont qu’un effet de mode, constituent 18.4% de
l’échantillon.
1. 3. Les déterminants du niveau
d’utilisation des NTIC
Pour tester les hypothèses avancées et appréhender
les déterminants du niveau d’utilisation des NTIC, on a utilisé la méthode
de la régression linaire qui permet de renseigner si les variables explicatives
sont corrélées positivement avec le niveau d’utilisation des NTIC et
notamment avec le caractère stratégique qui leurs est attribué.
L’extraversion de l’entreprise regroupe
l’engagement de la direction générale envers les NTIC, la culture du net et
les stratégies de partenariats.
Le secteur la structure de l’entreprise
Les résultats de l’analyse multivariée confirment
que le secteur des services et la structure par projet sont positivement corrélés
au caractère stratégique attribué aux NTIC .
La taille de l’entreprise
L’examen des résultats de l’analyse multivariée
montre que la taille influence directement le caractère stratégique attribué
aux NTIC sur la base d’une relation significative positive En effet, plus la
taille de l’entreprise s’accroît plus l’importance accordée aux NTIC est
élevée.
Ceci pourrait éventuellement s’expliquer par
l’effet de complexité de l’organisation. En effet, des effectifs plus
importants se traduisent dans une entreprise par une différenciation
organisationnelle verticale et horizontale et par une nécessité d’échange
et de coordination plus grande.
Vérification de l’hypothèse
relative à la dispersion de l’entreprise
Aussi bien sous l’angle géographique
qu’organisationnel, l’analyse multivariée démontre la dispersion de
l’entreprise est positivement corrélée avec le caractère stratégique
attribué aux NTIC.
Les résultats montrent aussi que les entreprises qui
travaillent avec l’international, c’est-à-dire ayant des contacts par leurs
activités professionnelles avec des personnes situées à l’étranger, perçoivent
beaucoup plus le caractère stratégique des NTIC que leurs homologues dont
l’activité est exclusivement nationale. Deux explications peuvent être avancées
- Les NTIC limitent les déplacements ;
- Les NTIC permettent de s’affranchir des
contraintes de synchronie.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que c’est
la dispersion géographique qui contribue le plus à expliquer la dimension
stratégique accordée aux NTIC.
Le caractère extraverti de l’entreprise
A l’issue des résultats nous constatons que la
dimension stratégique est significativement expliquée par le caractère
extraverti de l’entreprise.
En effet, il apparaît clairement que, plus
l’entreprise est tournée vers l’extérieur sur des partenaires amont et
aval et accorde une attention particulière à la transparence et au partage de
l’information tant interne qu’externe, plus la notion de frontières
internes et externes est remise en cause et plus les NTIC ont un rôle
primordial dans l’entreprise.
Par ailleurs, plus la direction générale adopte une
attitude d’ouverture en matière de NTIC et encourage les initiatives dans ce
domaine, plus la dimension stratégique des NTIC est affirmée dans
l’entreprise.
La stratégie d’externalisation
Contrairement à ce qui pouvait être supposé, la
dimension stratégique attribuée aux NTIC n’est pas associée à l’externalisation
d’activités par l’entreprise.
L a formation aux NTIC
Contrairement aux prédictions, les résultats de
l’analyse multivariée montrent que la formation aux NTIC n’explique pas le
caractère stratégique attribué aux NTIC.
Cette situation peut s’expliquer par plusieurs
considérations. D’une part la formation aux NTIC est souvent synonyme de
facilité d’utilisation, il y a rarement un dépassement stratégique derrière.
D’autre part, il n’est pas évident que les
entreprises qui ont une vision stratégique aient les moyens d’investir dans
une formation aux NTIC qui implique des coûts lourds.
L’environnement de l’entreprise
Les résultats de l’analyse multivariée confirment
l’hypothèse selon laquelle l’environnement de l’entreprise est
positivement corrélé au caractère stratégique attribué aux NTIC.
Il semble que l’environnement de l’entreprise est
significativement relié à cette dimension stratégique.
En effet, plus l’environnement de l’entreprise est
turbulent est concurrentiel, plus le caractère stratégique des NTIC est perçu
par l’entreprise.
1. Synthèse des résultats de la recherche empirique
Au terme de cette recherche, nous avons pu mettre en
évidence que les NTIC sont assez largement diffusées dans les entreprises
interrogées mais à des degrés différents.
Nous avons remarqué que la majorité des entreprises
interrogées crée un site Internet qui lui sert uniquement de vitrine, il n’y
a pas de volonté réelle de faire des transactions. On est encore loin du
commerce électronique.
L’intranet, les datawarehouses et l’ERP figurent
en bonne position. Mais l’extranet, le CRM et le SCM demeurent encore en phase
d’émergence.
Les résultats témoignent du haut niveau
d’utilisation des NTIC et montrent la place qui leurs est désormais accordée
dans les entreprises. En effet, plus de la moitié des entreprises interrogées
ont une vision stratégique qui leur permet de positionner les NTIC comme un véritable
avantage concurrentiel.
Les résultats obtenus ont montré que cette dimension
stratégique attribuée aux NTIC dépend principalement du caractère extraverti
de l’entreprise. Ayant été dégagé de l’analyse factorielle, le facteur
extraversion regroupe l’engagement de la direction générale vers les NTIC,
la culture du net et les stratégies de partenariat. En effet, nous avons pu vérifier
que plus l’entreprise est ouverte et tournée vers l’extérieur plus elle
considère les NTIC comme stratégiques.
Aussi bien la taille que la dispersion géographique
de l’entreprise sont positivement corrélées au caractère stratégique
attribué aux NTIC ce qui confirme les résultats des recherches antérieurs.
Nous avons pu établir par ailleurs que, le caractère
stratégique des NTIC dépend de l’environnement de l’entreprise et à un
degré moindre du secteur d’activité et de la structure de l’entreprise.
Contrairement aux résultats établis par les
recherches antérieures, notre recherche n’a pas trouvé de lien direct entre
la formation aux NTIC et la dimension stratégique qui leurs est accordée.
Il faut toutefois rester prudent quant à ces
conclusions dans la mesure où les coefficients de régression obtenus n’ont
pas de valeurs très élevées. D’autres facteurs restent donc à identifier.